lundi 28 mars 2011

Trois observations sur la technique de nage de Yannick Agnel




Voici trois réflexions sur la technique de nage de Yannick Agnel basées sur les images de sa finale du 200m au championnat de France 2011: http://www.wat.tv/video/eurosport/finale-agnel-3jzad_2f1o7_.html

1) Early Vertical Forearm (EVF):

Dans une vidéo récente, l'entraîneur américain, Gary Hall Sr. , ancien médaillé olympique, décrit les avantages de l'EVF (early vertical forearm), technique qui consiste à plier le coude tôt durant le cycle de nage, de manière à garder le coude le plus haut possible (c'est à dire le plus près de la surface de l'eau) durant le mouvement sous-marin du bras.

Ce qui est particulièrement intéressant dans l'analyse de Gary Hall Sr., c'est qu'il insiste sur le fait que cette technique ne favorise pas la puissance mais l'hydrodynamisme. En effet, on a plus de puissance si l'on appuie sur l'eau avec le bras entier que si l'on appuie qu'avec l'avant-bras. En revanche, en terme d'hydrodynamisme, la partie supérieure du bras est particulièrement prompte à s'opposer à l'avancement du nageur de par sa forme et sa vitesse de déplacement. Garder le coude haut va permettre de maintenir la moitié supérieure du bras parallèle à la surface le plus longtemps possible. Ainsi, l'hydrodynamisme va être bien meilleur et c'est la raison pour laquelle les meilleurs crawleurs actuels utilisent cette technique (surtout en fond et demi-fond). Cette technique favorise particulièrement les nageurs grands et longilignes comme Yannick Agnel (qui ont moins peut être moins de puissance  en valeur absolue que leurs concurrents).

Yannick Agnel est l'illustration parfaite de cette technique. Sur la série de photos suivantes (extraites de sa finale au championnat de France 2011), on peut constater comment il maintient son coude très près de la surface de l'eau: 








2) la recherche d'amplitude vers l'avant:

Yannick Agnel a beau mesurer plus de 2 mètres, il ne perd pas un centimètre d'amplitude dans son cycle de nage, et surtout quand il s'agit d'une recherche d'amplitude vers l'avant. Quand on compare Yannick avec le nageur à sa gauche, on peut observer la différence dont la main de l'un et l'autre entre dans l'eau. Yannick va chercher avec sa main plus loin devant lui; ainsi, la distance entre sa tête et sa main au moment de l'entrée dans l'eau est maximale alors que le nageur a sa gauche rentre sa main plus tôt et perd donc en amplitude durant cette phase du cycle. C'est peut être quelques centimètres à chaque coup de bras mais au final sur 200 mètres à ce niveau cela fait une grande différence.





3) la poussée arrière réduite (early release in English)

On entend souvent dire ou on lit qu'il est important de pousser loin derrière avec la main près de la cuisse. La natation contemporaine a remis en question cette idée et privilégie avant tout le travail des bras à l'avant du nageur.

Comme on le peut voir, Yannick Agnel ne cherche pas à pousser l'eau très loin derrière lui; il écourte même sa poussée en ramenant vite la palme de sa main parallèlement à son corps, donc sans poussée sur l'eau.




Belle technique et bonne nage !