lundi 25 mai 2015

Le crawl "hip driven": késako ?

Parmi les nombreux styles de crawl décrits dans le livre "Le Guide du Crawl Moderne", l'un des plus spectaculaires est sans doute le crawl "hip-driven". En français, on pourrait le traduire par le crawl guidé ou généré par le bassin.

Il s'agit pour le nageur d'initier le mouvement du roulis à partir du bassin (et non des épaules) et de véritablement venir se positionner sur le côté en s'allongeant au maximum à chaque coup de bras. 

Le bassin initie le roulis avec l'aide du battement de jambes. Ainsi, tout commence d'un battement de jambes qui peut se limiter à peu de battements. Ensuite, le nageur fait pivoter son bassin, tout en allongeant bien le bras devant lui. Il se retrouve ainsi dans une position spectaculaire, positionné de côté comme sur la photo (on remarque sur la photo de Michael Phelps le degré quasi identique d'inclinaison du bassin et des épaules). Pour arriver à une telle inclinaison du bassin, il faut que ce soit le bassin qui initie le roulis beaucoup plus que les épaules. Quand le nageur initie le roulis par les épaules, son bassin ne prend pas autant d'angle généralement.




Un merveilleux nageur expert du style hip-driven est le chinois Sun Yang. On voit très bien comment son mouvement se décompose sur la séquence suivante : je vous conseille d'observer les jambes et le bassin de Sun Yang avant tout :

1. En position de départ, le nageur est allongé sur le côté.


2. Sun Yang lance son mouvement de rotation du bassin avec soit 3 battements de jambes, soit un seul battement de jambes. On voit sur la photo ci-dessous son avant-dernier battement avec la jambe gauche:

3. Le dernier battement (ou l'unique battement lorsqu'il n'en fait qu'un) est effectué généralement avec plus de forces que les précédents pour augmenter la génération de puissance du bassin et la recherche d'amplitude. On voit le degré important de flexion de son genou droit pour projeter avec le plus de force possible l'eau avec sa jambe et la bascule importante du bassin qui suit :


4. A la suite de quoi, il roule très vite de l'autre côté, le bassin en premier pour se retrouver dans cette position de roulis très extrême, allongé de tout son long sur le côté, avec la plus grande extension possible du bout des doigts jusqu'aux orteils:



On voit bien sur l'image suivante la grande différence d'inclinaison des hanches entre Sun Yang (style hip driven / cercle rouge) et Yamamoto (style shoulder driven / cercle vert):


Cette technique est quasiment inconnue des nageurs récréatifs dont la quasi-totalité reste convaincu que le bassin doit rester plutôt fixe lorsqu'on crawl et que ce n'est jamais le bassin qui guide le mouvement du roulis. 

Il est regrettable que si peu de nageurs connaissent ce style de crawl, le maitrisent et le pratiquent car c'est une nage extrêmement agréable et qui ouvre énormément de champ d'explorations : c'est une technique extrêmement efficace pour nager vite dès lors qu'on évite les temps morts inutiles qui freinent le nageur (en témoigne les performances du chinois Sun Yang et d'autres nageurs notamment australiens). C'est une technique extrêmement efficace aussi pour avoir un crawl très décontracté et relâché, plus méditatif (voir par exemple mon billet sur le Mizudo). Il procure d'excellentes sensations de glisse notamment. Les nageurs les moins athlétiques peuvent s'aider de petites palmes pour parfaire cette technique. En plus comme son nom l'indique, cette technique sollicite moins l'épaule ; ce sont beaucoup plus les muscles du tronc qui sont sollicités.

La méthode américaine "Total Immersion" s'est très largement inspirée du style hip-driven.

L'image de Michael Phelps est tiré du blog californiaswimtechniques.blogspot.fr consacré justement au style hip-driven et que je vous invite à lire.

Bonne nage !

lundi 18 mai 2015

Interview : sous les conseils bienveillants d'un grand champion, Loic Branda

      Quel nageur n'a jamais rêvé de bénéficier des conseils bienveillants d'un grand champion?

Loic Branda, ancien champion français d’eau libre (notamment sur 10 et 25kms et classé 5ème de l'épreuve de 25kms des championnats du Monde 2009 et 6ème sur l'épreuve de 5kms de ces mêmes championnats) a décidé de partager son expérience et sa connaissance de l'eau libre avec les triathlètes et nageurs amateurs en organisant des stages de natation sur la Côte d'Azur. Ce type de stage est assez répandu dans les pays anglo-saxons mais encore très peu en France.


Loic Branda
J'ai eu le plaisir d'interviewer Loic à ce sujet et sur sa perception des triathlètes et des nageurs amateurs qui participent à ses stages.

Question: Loic, en quoi consistent ces stages et à qui s'adressent-ils ?

Ces stages s’adressent à tous les nageurs et triathlètes débutants en natation ou confirmés qui désirent se perfectionner en natation en milieu naturel. La plupart des nageurs et triathlètes travaillent leur technique et leur endurance en piscine. Pourtant tous les triathlons sont en milieu ouvert ! La natation en eau libre avec la combinaison, les vagues, les éléments extérieures change grandement la nage de chacun. Nous avons un cadre merveilleux et un climat propice pour pratiquer la natation en mer une grande partie de l’année, c’est une chance !

Nous avons deux formats de stages : le premier dure 3 jours et le second dure 5 jours. Il s’agit de stage de perfectionnement ou de découverte de natation en eau libre qui pour cette année se déroulent de Mai à Septembre, mais dont la saison sera rallongée l’année prochaine.

Pendant ces stages nous essayons d’aborder l’ensemble des spécificités de la natation en eau libre et d’une natation adaptée au triathlon.

Nous avons :

- une partie technique de nage avec un cours théorique sur le crawl, un cours théorique sur les spécificités de la natation en eau libre, une séance d’analyse vidéo en "one by one" avec moi. Bien sûr tout au long des stages je reprends les nageurs techniquement. Le nombre maxi de participants permet justement un suivi de qualité pour nos stagiaires.
 
    -  une partie endurance avec des sorties longues, du fractionné, etc.. en fonction des groupes et du niveau.

- une partie spécificités de la natation en eau libre avec des ateliers variés : passage de bouée, départ, nage en groupe, travail d’orientation, drafting, sortie à l’Australienne, etc...

- enfin en dehors de l’eau nous avons une partie travail à sec avec un préparateur physique, et une introduction à la micronutrition.

Les points sur lesquels nous nous concentrons sont particulièrement la technique de crawl, les spécificités de la natation en eau libre, et l’adaptation des nageurs à la natation en milieu naturel. Le but est que chacun de nos stagiaires puissent repartir avec les clés pour gagner en confiance et en efficacité sur les parcours de natation.

Question : c’est toi qui supervise tout le stage ?

C’est un des points principaux : je suis présent et chef d’orchestre à tous les stages que je propose, et pendant la durée complète du stage. Mon équipe est ensuite composée d’un préparateur physique et d’une ostéo pour les stages 3 jours, d’un pilote et d’un sauveteur pour les stages 5 jours en fonction des inscrits.

Question: quels sont les principaux défauts techniques de ces nageurs ?

Les principaux défauts que j’ai pu remarquer chez les stagiaires sont le plus souvent le placement des appuis sous l’eau et l’absence de roulis au niveau des épaules (lié le plus souvent à une manque de souplesse du haut du corps). Je remarque également des problèmes de positionnement de la tête. Ces défauts sont d’autant plus marqués en mer, puisque un nageur qui n’a pas l’habitude est vite perturbé par les éléments extérieurs (vagues, flottabilité, etc...). Nous travaillons la souplesse des épaules avec le préparateur physique et la technique avec moi-même.

Question : J’avais pu remarquer sur les images de ton DVD « nager en eau libre », la technique très particulière que tu as de sortir tes épaules au-dessus de l’eau ce qui te donne un mouvement d’ondulation au-dessus de la vague, un geste qu’on voit très rarement en bassin ; je me demandais quelle est était cette technique particulière de placement du bras sous-marin propre à l’eau libre ? (voir vidéo)


(à 0'53'' de la vidéo)


En effet très peu de nageurs de bassin l’utilisent car ce n’est pas adapté à l’eau « plate » (Seb Rouault dans une mesure moins « verticale » faisait ce genre de boitage sur son crawl). Cette technique est en fait une adaptation quand l’eau est un peu agitée ou permet d’effectuer une relance ou bien de sortir un peu plus la tête de l’eau sans perdre trop de vitesse : augmentation des jambes, appui bras opposé à la respiration plus fort. On pourrait comparer ça à un cycliste qui se relance en danseuse.

Pour plus d'infos sur ces stages: http://www.swimtheriviera.com

Pour contacter Loic BRANDA:  contact@nager-en-eau-libre.fr