mercredi 26 juin 2013

La bonne technique pour regarder devant soi en crawl

Regarder devant soi en crawl sans perdre en efficacité demande une technique particulière.

Voici image par image le geste technique pour bien regarder devant soi en crawl en perdant le moins de vitesse possible. Les images sont celles du triathlète Chris McCormack.

Pour bien exécuter cette technique, il faut suivre plusieurs règles:

- le nageur porte son regard devant lui bien avant la phase d'inspiration ; il ne regarde pas devant lui au moment où sa tête se place pour inspirer ; il regarde beaucoup plus tôt (dès la photo 4) ;

- le nageur modifie sa gestuelle de retour aérien; alors qu'on conseille généralement au nageur d'effectuer le retour aérien avec le coude haut, là au contraire, c'est avec le coude rasant l'eau qu'on se place le mieux (photos 4 à 10) ;

- le nageur va plus casser son coude sous-marin pour exercer plus de pression sur l'eau (on ne le perçoit pas sur ces photos de McCormack évidemment) ; ainsi il peut plus facilement soulever sa ligne d'épaules au dessus de l'eau et se projeter vers l'avant; ce mouvement de projection est justement aidé par le retour aérien du bras au raz-de-l'eau. C'est d'autant plus facile en eau salée où la flottabilité est accrue ou quand l'eau est un peu agitée si on cale ce mouvement avec le rythme des vagues ;

- on voit sur les photos d'ailleurs qu'après avoir regardé devant lui, Chris McCormack reprend son rythme d'inspiration tout à fait normalement, en venant inspirer bien après (photos 13 et 14).

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Certains nageurs d'eau libre reproduisent cette gestuelle même dans des moments où ils n'ont pas besoin de regarder devant eux. C'est un mouvement qui peut être utile dans des conditions de vague par exemple.

C'est un style qu'on retrouve chez le nageur italien Gregorio Paltrinieri (dont j'avais déjà analysé le style ICI). On observe d'ailleurs chez ce nageur ce mouvement du coude sous-marin très plié pour aider à faire remonter sa ligne d'épaules au dessus de la surface et faciliter la projection du bras opposé :


Ce geste est évidemment avant tout pratiqué en eau libre pour permettre au nageur de se repérer. Mais on peut aussi le pratiquer en bassin quand on veut regarder devant soi ou bien juste changer ses sensations d'appui (...en évitant de coller une claque au passage si jamais on le fait en doublant).

Bonne nage !

lundi 10 juin 2013

Virer comme Yannick Agnel

Yannick Agnel a montré une manière très particulière de négocier son premier virage, lors de la finale du 200m aux JOs de Londres.

Dès la fin de l'avant-dernier mouvement de bras (le droit), Yannick enfonce son buste, rentre la tête et se met en position de pré-culbute. Il maintient ensuite cette position, tête totalement immergée, le regard vers le fond (flèche rouge), tout au long du dernier mouvement de bras (le gauche).

A une vitesse supersonique (ou presque..), il s'engouffre sous sa vague, avec ses 2m02.

Comme le décrit un nageur qui l'a vu de près à l'entraînement récemment à Nîmes:

"Je viens de voir ces jours-ci à Nîmes ce fameux virage de Yannick Agnel qui s'entrainait dans la ligne à côté de la mienne, et j'avais été étonné par ce virage bizarre que j'ai observé de près en me mettant sous l'eau. Effectivement il commence son virage très tôt avant le mur en descendant à une vingtaine de centimètres sous la surface avant d'engager sa rotation (il "descend" peut-être un mètre avant de tourner, ce qui est beaucoup). Il faisait ce virage dans toutes ses séries de crawl."


On peut observer comment son bassin vient se coller à la surface (flèche verte) alors qu'il se "descend" et se met en position de pré-bascule (flèche bleue) très tôt et loin du mur.

Les autres nageurs restent eux dans leur cycle naturel de nage jusqu'à être beaucoup plus près du mur et prennent alors leur dernière inspiration plus tard.



Et, après le virage, Yannick ressort avec léger avantage.

Le virage au ralenti:


Fabrice Pellerin en parle dans son livre (page 146). Yannick avait trouvé cette "botte secrète" (dixit le livre) tout seul et son entraîneur ne l'en avait pas contrarié, bien au contraire.

Sur les deux virages suivants de sa course, il ne reproduit pas tout à fait le même mouvement. Sans doute parce que cela demande un souffle qu'il n'a peut être plus durant le reste de la course.

C'est évidemment le signe d'une très grande maîtrise et d"une immense confiance en soi, de faire ainsi une coulée si longue au premier virage de cette finale aux JOs ; l'exemple aussi que les champions savent avoir leur style propre, tout en innovant techniquement, comme l'explique Pellerin.

On verra bien si cette technique sera reprise par d'autres nageurs.

Bonne nage !

samedi 1 juin 2013

Le livre de l'entraîneur de Yannick Agnel et Camille Muffat



C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu le livre de "Accédez au sommet - le chemin est en vous" écrit par Fabrice Pellerin (Editions Michel Lafon).

Ce livre est le témoignage d'un homme aujourd'hui terriblement "successful" mais qui, comme il le raconte humblement et honnêtement, ne l'a pas toujours été, loin de là.

Bourré d'ambitions artistiques et professionnelles mais incapable de les réaliser, Fabrice Pellerin raconte qu'il s'est vite trouvé dans une impasse qui l'amena à choisir, à défaut d'autres choses, à 23 ans, un poste d'entraîneur dans son club de natation. D'abord coach de très jeunes nageurs, il raconte comment il en arriva à entraîner les tous les meilleurs nageurs du monde avec le succès qu'on leur connaît actuellement.

Dans ce livre, la natation n'intervient qu'en toile de fond. Le but du livre n'est absolument pas de donner aux lecteurs des conseils pour mieux nager (sur plus de 200 pages, les allusions précises à la technique de nage se comptent sur les doigts de la main: la plus précise concernant la technique de virage d'Agnel).

Le seul objectif de ce livre est de faire partager les recettes de Fabrice Pellerin et de ses nageurs pour atteindre le succès.

Ces recettes, terriblement simples et pleines de bon sens et d'empirisme, vont, le plus souvent, à l'encontre des lieux communs sur le sujet: elles prennent le contrepied de beaucoup d'idées préconçues que l'on entend trop souvent de la bouche de donneurs de leçons qui, justement, ne connaissent jamais le niveau de succès qu'ils prodiguent aux autres. On comprend d'ailleurs à la lecture du livre qu'aimer prendre le contrepied est l'un des traits de caractères de Fabrice Pellerin et que ce dernier s'est forgé sa propre philosophie et ses propres recettes de succès un peu à la manière d'un autodidacte, à force de lectures diverses et d'expériences plus ou moins réussies.

Ces recettes peuvent être appliquées par tout à chacun, dans la vie quotidienne, dans la vie professionnelle ou dans l'éducation des enfants.

Cela fait du bien de lire, dans le climat de morosité ambiante, que le succès est beaucoup plus facile à atteindre qu'il n'y paraît, si tant est que l'on adopte la bonne approche et que l'on soit prêt à en payer le prix (mais sans excès...).

Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, sans dévoiler le livre, il raconte comment il arriva à mettre fin au découragement des meilleures nageuses françaises qui n'arrivaient pas à se rapprocher du top niveau mondial (la technique des petits pas) ; il explique aussi pourquoi demander à un athlète de se dépasser est le plus souvent contre-productif car c'est le meilleur moyen de le mettre en situation de panique, de lui faire perdre ses moyens : demandez-lui plutôt de juste bien faire ce qu'il sait faire et il aura beaucoup plus de chances de réussir et d'atteindre son objectif (si son entraînement a été suffisant évidemment).

La fin du livre est un peu plus personnel car traitant du rôle de l'entraîneur.

Si jamais vous cherchez de bons conseils simples, qui ont fait leur preuve, sur les moyens d'atteindre vos objectifs sportifs mais aussi en dehors du sport, je vous conseille vivement ce livre.

Bonne nage aussi quand même !