samedi 27 mars 2010

Crawl: Fréquence versus amplitude



La vitesse en natation est la résultante d'une équation des plus simples:

La vitesse est égale à la fréquence multipliée par l'amplitude

Difficile de faire plus simple ! Pourtant c'est loin d'être si facile quand on cherche à nager vite. Doit-on rechercher l'amplitude plutôt que la fréquence ou bien l'inverse ? L'idéal est de trouver le bon compromis entre fréquence et amplitude.

Pour tenter de trouver une réponse, il faut se baser sur plusieurs constatations:

Première constatation : le nageur le plus rapide est généralement celui qui a la meilleure amplitude.

C'est une règle généralement vérifiée bien qu'il existe des contre-exemples notoires (ex: Janet Evans) et qui concernent plutôt les nageurs de type body-driven.

Seconde constatation: le nageur qui a la meilleure amplitude a le meilleur battement. Le rôle des jambes est en effet important dans la recherche d'amplitude (surtout considérant la constatation suivante).

Troisième constatation: trop de recherche d'amplitude gènère des temps morts dans la nage qui sont préjudiciables à la vitesse. C'est pour cela qu'une recherche d'amplitude sans battement efficace aboutit souvent à une nage beaucoup moins efficace qu'il n'y paraît.

Quatrième constatation: trop de fréquence détériore l'hydrodynamisme du nageur et par la même son amplitude. Plus la fréquence s'élève, plus il est difficile de rester hydrodynamique et de ne pas faire de mouvements parasites.

Cinquième constatation: il n'y pas de lien direct entre la fatigue, la fréquence et l'amplitude. Nager avec une fréquence de bras élevée ne veut pas dire forcément se fatiguer plus qu'avec une fréquence plus lente: d'abord car la fréquence est sans lien avec le niveau d'effort musculaire (un peu comme au vélo, ce n'est parce qu'on mouline des jambes qu'on se fatigue plus vite, bien au contraire) et que tourner les bras plus fréquemment induit plus de respirations par minute (d'où a priori une meilleure oxygénation). Dans le post sur la nage en eaux libres (ICI), on a vu l'exemple des triathlètes qui nagent avec relativement peu d'amplitude et beaucoup de fréquence.

God damnit ! Mais que faire de toutes ces constatations ?

D'abord, l'amplitude pour l'amplitude est contre-productif: il faut abandonner l'idée de chercher l'amplitude avant tout ! Chercher à glisser en augmentant la durée de la phase entre le moment de l'extension de la main avant et le "catch" ralentit le nageur et l'oblige à se relancer. Il induit un phénonème de déccélération qui est à éviter. C'est une nage plaisir (c'est vrai!) mais au total limitante car si l'on désire accélérer, on va avoir tendance à rentrer dans un mur. Plus de déccélaration et donc plus d'accélération seront nécessaires ce qui aboutira vite à un plafond. Mine de rien, les très bons nageurs qui nagent en FQS limitent beaucoup la phase de "glisse" et la soutiennent toujours grâce à un battement de pied efficace.

La fréquence pour la fréquence n'est pas non plus une bonne solution car il faut bien tirer parti de l'amplitude de nage mais raisonnablement.

En conclusion,

- il faut plutôt chercher à garder une fréquence décente et à ne pas ralentir trop au-delà de la fréquence de 1 coup de bras par seconde. Cela permet de garder un bon momentum dans la nage et éviter les temps morts ;

- une fois que le bras est tendu et l'épaule avancée, il faut s'appliquer à entamer le catch si on veut garder une nage efficace;

- pour ceux qui ont un battement inefficace (ou qui veulent simplement reposer leurs jambes), opter pour un travail en fréquence sera sans doute plus payant : à tester bien sûr.