Affichage des articles dont le libellé est En profondeur. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est En profondeur. Afficher tous les articles

lundi 25 mai 2015

Le crawl "hip driven": késako ?

Parmi les nombreux styles de crawl décrits dans le livre "Le Guide du Crawl Moderne", l'un des plus spectaculaires est sans doute le crawl "hip-driven". En français, on pourrait le traduire par le crawl guidé ou généré par le bassin.

Il s'agit pour le nageur d'initier le mouvement du roulis à partir du bassin (et non des épaules) et de véritablement venir se positionner sur le côté en s'allongeant au maximum à chaque coup de bras. 

Le bassin initie le roulis avec l'aide du battement de jambes. Ainsi, tout commence d'un battement de jambes qui peut se limiter à peu de battements. Ensuite, le nageur fait pivoter son bassin, tout en allongeant bien le bras devant lui. Il se retrouve ainsi dans une position spectaculaire, positionné de côté comme sur la photo (on remarque sur la photo de Michael Phelps le degré quasi identique d'inclinaison du bassin et des épaules). Pour arriver à une telle inclinaison du bassin, il faut que ce soit le bassin qui initie le roulis beaucoup plus que les épaules. Quand le nageur initie le roulis par les épaules, son bassin ne prend pas autant d'angle généralement.




Un merveilleux nageur expert du style hip-driven est le chinois Sun Yang. On voit très bien comment son mouvement se décompose sur la séquence suivante : je vous conseille d'observer les jambes et le bassin de Sun Yang avant tout :

1. En position de départ, le nageur est allongé sur le côté.


2. Sun Yang lance son mouvement de rotation du bassin avec soit 3 battements de jambes, soit un seul battement de jambes. On voit sur la photo ci-dessous son avant-dernier battement avec la jambe gauche:

3. Le dernier battement (ou l'unique battement lorsqu'il n'en fait qu'un) est effectué généralement avec plus de forces que les précédents pour augmenter la génération de puissance du bassin et la recherche d'amplitude. On voit le degré important de flexion de son genou droit pour projeter avec le plus de force possible l'eau avec sa jambe et la bascule importante du bassin qui suit :


4. A la suite de quoi, il roule très vite de l'autre côté, le bassin en premier pour se retrouver dans cette position de roulis très extrême, allongé de tout son long sur le côté, avec la plus grande extension possible du bout des doigts jusqu'aux orteils:



On voit bien sur l'image suivante la grande différence d'inclinaison des hanches entre Sun Yang (style hip driven / cercle rouge) et Yamamoto (style shoulder driven / cercle vert):


Cette technique est quasiment inconnue des nageurs récréatifs dont la quasi-totalité reste convaincu que le bassin doit rester plutôt fixe lorsqu'on crawl et que ce n'est jamais le bassin qui guide le mouvement du roulis. 

Il est regrettable que si peu de nageurs connaissent ce style de crawl, le maitrisent et le pratiquent car c'est une nage extrêmement agréable et qui ouvre énormément de champ d'explorations : c'est une technique extrêmement efficace pour nager vite dès lors qu'on évite les temps morts inutiles qui freinent le nageur (en témoigne les performances du chinois Sun Yang et d'autres nageurs notamment australiens). C'est une technique extrêmement efficace aussi pour avoir un crawl très décontracté et relâché, plus méditatif (voir par exemple mon billet sur le Mizudo). Il procure d'excellentes sensations de glisse notamment. Les nageurs les moins athlétiques peuvent s'aider de petites palmes pour parfaire cette technique. En plus comme son nom l'indique, cette technique sollicite moins l'épaule ; ce sont beaucoup plus les muscles du tronc qui sont sollicités.

La méthode américaine "Total Immersion" s'est très largement inspirée du style hip-driven.

L'image de Michael Phelps est tiré du blog californiaswimtechniques.blogspot.fr consacré justement au style hip-driven et que je vous invite à lire.

Bonne nage !

lundi 21 avril 2014

La différence entre nager dans un bassin de 50m et un bassin de 25m



En quoi est-il plus intéressant de nager dans un bassin de 50m que dans un bassin de 25m ?

Pour répondre à cette question, il est intéressant de chercher à comparer le temps réellement nagé et non nagé (coulées et virages) d'un bassin à l'autre.

Des observations ont montré que, pour les crawleurs de haut niveau, une minute nagée dans un bassin de 25 yards (soit environ 23 mètres) se décompose réellement en 43 secondes nagées et 17 secondes consacrées à virer et à avancer en coulées. 

Dans un bassin de 50 mètres, durant une minute, un athlète nage lui 53 secondes et ne nage pas que 7 secondes.

On voit donc à quel point la différence de temps de repos est grande entre ces deux types de bassin.

Bonne nage !

Source : www.xtri.com

mardi 11 février 2014

En profondeur : la difficulté du style de bras en projection

Ce billet s'adresse tout particulièrement aux triathlètes et nageurs d'eaux libres. Un certain nombre d'entre eux utilisent une technique de bras que je qualifie de style en projection. Cela consiste non pas tellement à ramener le bras aérien de manière relâché avec le coude plié mais plutôt avec le bras presque tendu et en lançant le bras vers l'extérieur puis l'avant afin de lui donner une réelle inertie (voir notamment les chapitres 33 et 51 du livre).

Ce style de bras a certains avantages et on le voit très souvent utilisé en compétition en eaux libres. Maintenant pourquoi n'est-il pas conseillé aux débutants ou aux nageurs moyens ?

Pour comprendre le problème, il suffit de comparer ses deux vidéos: l'une montre un triathlète au niveau moyen et l'autre celle d'un très bon nageur et coach australien, Brenton Ford, nageant un 400m en 4'15'' environ. 

On peut observer que tous les deux utilisent dans une large mesure ce style de bras en projection et n'adoptent pas un retour aérien du bras relâché, coude fléchi. C'est, par exemple, particulièrement vrai du bras droit de Brenton qui revient très près de la surface. A partir d'une certaine fréquence de bras ou aussi souvent dans certaines conditions de plans d'eau, ce geste devient particulièrement naturel et efficace pour le bon nageur.

Vidéo de Brenton Ford (400m en 4'15'' - tempo trainer : 82)


Vidéo du triathlète amateur


Toutefois, une différence énorme saute aux yeux : en dépit de ce mouvement de bras, le très bon nageur arrive à rester parfaitement en ligne avec tout son corps (tronc, bassin et jambe); le fait de lancer ainsi son bras vers l'extérieur et l'avant ne déséquilibre pas du tout le reste de son corps: il reste parfaitement profilé dans le plan horizontal (son bassin et ses jambes ne partent pas de droite à gauche) et dans le plan vertical (bien qu'on n'ait pas une vue sous-marine, on perçoit bien qu'il reste bien horizontal sur l'eau).

En revanche, le triathlète amateur, lui, nage en godillant avec son corps: le fait de lancer ainsi le bras vers l'extérieur le désaxe à chaque mouvement de bras et le fait entrer sa main droit devant sa tête: la ligne du profil de son corps (du haut de sa main à ses pieds) en vient à dessiner un arc-de-cercle.


 
Ce manque de "rectitude" est extrêmement dommageable pour au moins deux raisons:

- le nageur perd en hydrodynamisme car il augmente sa surface frontale d'avancement ;

- il perd également en énergie (pour ceux qui font du vélo, vous percevez bien la différence entre pédaler sur un cadre mou qui, en se tordant à chaque coup de pédale, va gaspiller une grande partie de votre force et un cadre hyper-rigide qui lui, au contraire, permet un excellent transfert de la force de la pédale vers le pédalier et la roue ; ce n'est pas pour rien que les cadres de vélo de compétition sont particulièrement rigides). C'est la même chose en natation : plus le nageur est désuni, moins efficient il sera dans l'eau.
Pour être efficace, un style en projection doit être obligatoirement lié à un excellent gainage et un très bon équilibre dans l'eau. Si le nageur n'est pas capable d'avoir de tels caractéristiques, il doit sans doute chercher à minimiser tous les mouvements de son corps (bras compris) qui justement tendront à le déséquilibrer et le faire sortir d'une trajectoire rectiligne. Sur l'importance de cette droite, lire par exemple le chapitre 58 du livre).

Bonne nage !

samedi 25 janvier 2014

En profondeur: la comparaison de la position de l'épaule



Voici deux photos qui montrent deux positions tout à fait différentes de placement de l'épaule:
  • sur la photo du haut, l'épaule est placée au niveau de l'oreille: elle recouvre l'oreille ; le nageur se trouve relativement à plat; l'épaule n'est pas très avancée;

  • sur la photo du bas, l'épaule est placée beaucoup plus bas et plus avancée: l'oreille n'est pas masquée par le bras ; l'épaule est contre le menton.
(NB: Les deux nageurs ne sont pas exactement au même moment de leur cycle de nage, ce qui explique aussi la différence de positionnement de l'épaule. Mes commentaires seront un peu injustes pour le nageur du haut qui n'a sans doute pas totalement fini son mouvement d'avancée de l'épaule au moment de la photo; néammoins dans un but pédagogique, la comparaison de ces deux photos est intéressante).
D'un point de vue hydrodynamique, les deux nageurs ferment l'espace entre la tête et l'épaule avant, ce qui est évidemment positif; en revanche, l'épaule basse sur la photo du bas est beaucoup plus intéressante d'un point de vue hydrodynamique car elle réduit encore plus la surface frontale. 

De plus, sur la photo du haut, l'espace entre la tête et l'épaule arrière est important alors que sur la photo du bas, cet espace est beaucoup plus restreint du fait de la bonne position de l'épaule avant. On perçoit que le fait d'avancer ainsi l'épaule fait que l'épaule arrière est plus derrière dans le profil du corps, alors que sur la photo du haut on voit que l'épaule gauche offre une plus grande résistance à l'eau. 

L'épaule avant sur la photo du bas est aussi en meilleure position pour faciliter l'amplitude de la nage car elle va permettre au nageur d'appuyer plus loin devant.

De plus, d'un point de vue de l'équilibre horizontal, le fait de placer l'épaule plus bas va faciliter une position du bassin plus haute. On dit parfois que les bons nageurs crawlent "en descente" (swimming downhill): c'est à dire qu'ils cherchent à créer un léger déséquilibre du corps vers le fond avec le haut du corps pour ainsi bien laisser le bassin et les jambes dans la traînée du corps, en se collant à la surface. 

On voit bien sur la photo du bas comment le bassin, les jambes et les pieds sont invisibles car parfaitement placés dans la traînée du nageur.

Conclusion: l'épaule avant positionnée au plus près du bas du visage va permettre:
  • une meilleure horizontalité du nageur (en aidant le placement du bassin, des jambes et des pieds dans la traînée);
  • une réduction de la surface frontale du nageur (meilleur hydrodynamisme);
  • une plus grande amplitude dans le cycle de bras.
Bonne nage !

mardi 16 avril 2013

Soixante-Dix ! Le chiffre d'or du battement de jambes




Vous avez sans doute entendu parler du nombre d'or ! Ce chiffre qui fixait dans l'antiquité la proportion idéale de la beauté esthétique !

Et bien, il existe un chiffre magique qui détermine un battement de pieds efficace : c'est soixante-dix ! 70 degrés, c'est à dire l'angle que doit former le pied avec la cheville pour commencer à permettre un effet positif de propulsion de l'eau en battement de pieds en gardant la jambe tendue ou presque. Voici un cliché qui illustre cette position:



(Jeff Rouse est un nageur qui était réputé pour l'efficacité de son battement de pieds et aussi bien sûr la souplesse de sa cheville.)

Tant que votre cheville ne s'étire pas à un angle de 70°, il est nécessaire au genou de se plier (un peu) pour faire que le battement soit propulsif: le problème de plier le genou est que cela augmente la surface de frottement de la cuisse contre l'eau dans le sens opposé à l'avancement; cela ralentit le nageur et rend son battement beaucoup moins efficace.

Pour avoir un battement optimal, il faut que la cheville soit plus souple et la jambe plus tendue, d'où l'intérêt de pouvoir se rapprocher de cet angle de 70° (voire le dépasser).

En fait, tout degré de souplesse gagné au-delà de 60° permettra un meilleur battement avec moins d'effort. Les nageurs les plus rapides en battement atteignent couramment un angle de 75°.

Maintenant, il faut aussi comprendre que la force du battement peut avoir une influence sur le degré de l'angle de la cheville; si vous battez fort avec une cheville relâchée, la pression de l'eau peut vous faire gagner quelques précieux degrés; c'est donc particulièrement vrai en sprint et moins en endurance; cela dit, on peut observer chez certains nageurs de demi-fond une tendance à battre peu mais fort (ex: Sun Yang).

Ce phénomène est tout à fait visible sur les images extraites d'une vidéo de Ian Thorpe: on voit comment sa cheville s'étire sous la pression de l'eau lorsqu'il commence son battement:




Il est donc primordial d'avoir la meilleure souplesse des chevilles possibles pour avoir un battement de jambes efficace et un minimum d'étirement est recommandé pour celui qui veut améliorer son battement de jambes.

Voici une vidéo qui illustre la corrélation entre la souplesse de la cheville et l'efficacité du battement
Cet article et cette photo sont tirés d'un article de Marty Hull, entraîneur américain de natation passionné et éclectique et également spécialiste reconnu des chinchillas (véridique !!!).

Bonne nage !



samedi 16 février 2013

FAQ : L'accélération du bras sous-marin

Vous avez déjà sans doute entendu le conseil suivant: "en crawl, il faut accélérer son bras tout au long du trajet sous-marin."

Maintenant que cela veut-il dire réellement ? Vouloir comprendre le problème, c'est un peu comme vouloir résoudre l'énigme de la poule et de l'oeuf. Qui est arrivé en premier ?
En effet, il faut savoir qu'en crawl, le corps accélère tout au long du déplacement sous-marin du bras ; enfin, c'est normalement ce qui doit se passer si le nageur possède une bonne technique. Ainsi, on a mesuré la vitesse instantanée de bons nageurs tout au long d'un cycle de bras et il s'avère qu'en effet, leur vitesse est la plus grande à la fin de la poussée de la main sous-marine, c'est à dire à l'instant où la main sort de l'eau après avoir fini son trajet sous-marin. Cette accélération n'est pas due réellement à une augmentation de puissance (car en fin de mouvement sous-marin, la surface de contact perpendiculaire à l'eau ne fait que se réduire pour finir à seulement une partie de la surface de la main). Non, l'accélération est liée à la diminution des forces de frottement car, en effet, en fin de cycle de bras, le nageur est le plus allongé sur l'eau avec son bras avant allongé devant lui. Il est donc dans la position la plus profilée (voir photo ci-dessous) : c'est la raison pour laquelle il va le plus vite à cet instant.



Il est donc tout à fait normal que le nageur (dans son ensemble) accélère alors que son bras se déplace sous l'eau de l'avant vers l'arrière.

Si le nageur n'accélère que son bras et pas son corps, l'effet sera nul !  En effet, son bras passera au travers de l'eau. Imaginons que vous poussiez un meuble très lourd sur un parquet glissant, que va-t-il se passer ? Vos pieds vont glisser sur le parquet et le meuble ne va pas bouger (ou presque). L'analogie est valable en natation; si vous exercez une accélération avec votre main alors que votre corps lui n'accélère pas, votre main et votre bras vont glisser sur l'eau, sans prise.

Le fait d'accélérer le bras est censé créer une zone de pression plus importante sur laquelle le nageur peut s'appuyer. Mais pour que cela ait un effet réel, il faut que le nageur se freine le moins possible alors qu'il appuie sur l'eau (en réduisant donc le plus possible ses frottements sur l'eau). Sinon il passera au travers de l'eau et l'accélération de sa main n'aura pas d'effet.

Donc le conseil de l'accélération du bras sous-marin doit être compris, non pas tant comme une accélération du bras seul, mais plutôt une accélération du nageur dans son ensemble. Comme la vitesse de déplacement du nageur va augmenter au fur et à mesure du cycle de nage, son bras va lui aussi accélérer (tout simplement du fait que la main va devoir parcourir une distance plus grande dans un temps plus réduit et donc elle va devoir aller plus vite).

En revanche, si vous ne pensez qu'à accélérer votre main sous l'eau, sans chercher à accélérer le reste de votre corps, cela sera tout simplement inefficace et vous ne trouverez jamais la bonne sensation d'appui sur l'eau car votre bras va passer à travers l'eau. Donc il faut chercher à bien ressentir l'accélération de tout son corps et pas seulement du bras sous-marin. Et pour que cela ait un intérêt d'accélérer sa main sous l'eau, il faut que le nageur maîtrise déjà une bonne position hydrodynamique.

Bonne nage !






jeudi 25 octobre 2012

En profondeur : l'étrange battement de Mister Yang


Après avoir consacré beaucoup d'énergie et de temps à mon nouvel ouvrage, Light Feet Running, je reviens à mes premières amours avec un sujet dont le titre évocateur est presque digne d'un polar.

Je relisais l'excellent ouvrage de Didier Chollet "l'Approche Scientifique de la Natation Sportive" qui explique scientifiquement, dans un de ces chapitres, l'apport du battement de jambes.



D'un point de vue propulsif, l'explication scientifique est simple:

- considérant que les bras génèrent une force de propulsion égale à X et les jambes génèrent une force propulsion égale à Y, la vitesse du nageur n'est évidemment pas égale à X+Y (ce serait trop beau!). Si X est supérieure à Y, les jambes freinent le nageur et évidemment plus X et Y sont proches, moins les jambes freinent le nageur.

- La force de propulsion des bras n'est pas constante mais sinusoïdale  les bras n'exercent donc pas une force constante sur l'eau; au contraire, à certains moments dans le cycle de bras, la force est maximale (normalement lors du passage de la main sous-marine à l'aplomb de l'épaule) et à d'autres moments, elle est très faible voire nulle.

- De ce fait, il peut exister un moment dans le cycle de nage où Y devient supérieur à X (même durant un instant très court). C'est le cas en battement en six temps lorsque le nageur maintient un battement presque continu tout au long du cycle de bras.

En revanche, ce n'est pas le cas du battement 2 temps sauf à ce que le nageur place son battement au moment où la force de propulsion est la plus faible. Or, en battement 2 temps, c'est exactement l'inverse: le battement de pied est synchronisé avec le passage du coude sous-marin à l'appui de l'épaule, c'est à dire le moment où la force de propulsion est la plus grande. Donc en battement 2 temps, à aucun moment, Y est supérieur à X et on sait que X ne s'ajoute pas à Y. Alors pourquoi beaucoup de nageurs (par exemple Sun Yang, recordman actuel du 1500m) utilise très régulièrement un battement en deux temps ? 


mercredi 8 février 2012

Les secrets de Jono



Beaucoup d'entre vous ont sans doute été impressionnés par la vidéo de Swimsmooth du crawl du nageur australien Jono van Hazel (médaillé olympique à Athènes).

Bien sûr, nager de la sorte demande des années de travail, un apprentissage très jeune et je n'aurai pas la prétention de dire que l'on peut espérer nager comme JVH facilement, voire même un seul jour dans sa vie !


vendredi 9 décembre 2011

En profondeur: le recordman du monde face à un (déjà très bon) nageur




On trouve des pépites sur le net. Voici une vidéo où un nageur amateur(*) s'est "incrusté" (au sens propre) dans la finale du record du monde du 1500m aux côtés du nouveau phénomène chinois: Sun Yang





A première vue, hormis la vitesse, leurs styles sont relativement proches, voire même très proches. Les deux nageurs nagent en crawl FQS. Maintenant, en y regardant de plus près, on peut observer quelques différences décisives dans la technique de ces deux nageurs car comme dit le dicton: "Dieu (ou le diable) se cache dans les détails !":

1) le timing de l'inspiration:

Pour beaucoup de nageurs, l'un des moments critiques dans le cycle de crawl est la phase d'inspiration car elle est propice à une réelle perte de vitesse. En effet, le mouvement d'inspiration doit interférer le moins possible avec la puissance générée par la phase de poussée de la main arrière. 

Au moment de l'inspiration, la plupart des nageurs ont tendance à sortir de leur alignement et à se freiner avec leur bras avant et du fait de l'augmentation de la surface frontale (constituée de la tête, du cou, de l'épaule, du bras et de la main et éventuellement de la traînée du tronc et des jambes du fait du désaxement). 


Pour éviter cela, les tous meilleurs nageurs inspirent de manière extrêmement rapide et placent leur inspiration exactement entre la fin de la poussée de la main arrière et avant le début de l'abaissement du bras avant, en gardant la tête le plus à l'horizontal possible. C'est ce que réalise Sun Yang de très belle manière (Grant Hackett faisait exactement la même chose). On voit bien sur la vidéo que le bras avant de Sun Yang ne commence à s'appuyer sur l'eau qu'une fois l'inspiration réalisée et que sa tête reste très horizontale durant l'inspiration. 


Le style FQS s'y prête très bien puisqu'il permet de rester quelques instants de plus avec le bras tendu devant soi.

Au contraire, le nageur amateur lui initie le mouvement de son bras avant alors qu'il n'a pas encore totalement fini sa phase d'inspiration. Sa tête n'est pas à l'horizontal. Il offre donc une plus grande résistance à l'eau à cet instant. 


Tout nageur aura tout intérêt à inspirer le plus vite possible et à caler ce mouvement entre la fin de la poussée de la main arrière et le début du retour vers l'arrière de la main avant, en veillant à garder la tête le plus près possible de l'épaule. Prendre trop de temps pour inspirer va nécessairement ralentir le nageur.


N.B.: vous aurez peut être remarqué si vous avez regardé la vidéo du 1500m du record du monde de Sun Yang qu'il respire en 1 temps juste après sa coulée à chaque virage: une respiration d'un côté immédiatement enchaînée avec une respiration de l'autre côté pour prendre le maximum d'oxygène après la coulée. Ensuite il repasse à une respiration à 2 temps. C'est assez spécifique pour être souligné. 

2) l'accélération tout au long du mouvement:

En dépit du fait que Sun Yang commence le trajet de sa main avant vers l'arrière un peu plus tard que le nageur amateur, on peut constater qu'en revanche, les deux nageurs sortent leur main arrière de l'eau quasiment au même instant ! Cela s'explique par le rattrapage de vitesse que Sun Yang effectue sur la seconde partie du mouvement. Cela signifie tout simplement que Sun Yang accélère plus son mouvement que le nageur amateur qui lui a une vitesse de bras plus constante. Il est connu et reconnu que l'accélération offre plus de puissance et plus d'appui au nageur.

3) le transfert de masse:

Voici certainement l'une des clés de la puissance du crawl. 

Si l'on observe le mouvement de l'épaule avant de chaque nageur au moment du catch, on peut remarquer que Sun Yang enfonce plus l'épaule dans l'eau. Son roulis est plus puissant et génère un plus grand transfert de masse d'un côté vers l'autre. Il bascule le poids de son corps à gauche ce qui donne plus de puissance au catch de sa main droite. Et ainsi de suite. 

On peut tenter de décrire cela par la séquence suivante: la main et l'avant-bras se mettent progressivement en appui sur l'eau pour initier le catch à la suite de quoi le nageur bascule le poids de son corps de l'autre côté en accélérant le mouvement : ce mouvement de transfert de masse va naturellement créer la force d'appui du bras sous-marin sur l'eau et s'accompagner de l'accélération du bras sous-marin. 

Le nageur peut essayer ainsi plutôt que de se préoccuper d'appuyer avec son bras sous l'eau vers l'arrière, de simplement se concentrer sur le mouvement de son flanc opposé qui vient s'enfoncer dans l'eau avec puissance et accélération en accompagnant l'extension du mouvement du bras et de l'épaule vers l'avant. 

4) autres points :


Je ne m'attarderai pas sur d'autres points évidents (meilleur gainage, meilleur battement, meilleur positionnement sur l'eau plus allongé et plus horizontal à tout instant du cycle de nage), ainsi que le maintien d'un coude plus haut.


* * * * *


Voici quelques illustrations des explications qui précèdent:

















Bonne nage!


(*) Ce nageur, qui a déjà réussi la traversée de la Manche (!), a les performances suivantes : 1500m: 20'24'' ; 3000m: 41'50''  ! Je le remercie de m'avoir permis de poster cette vidéo.

NB: cette analyse ne se veut évidemment pas exhaustive. Je l'a fait à titre avant tout pédagogique pour mettre en lumière certains détails propres à une excellente technique en crawl et ce post s'adresse évidemment aux nageurs qui maîtrisent déjà bien le crawl.


www.leplaisirdenager.blogspot.com

vendredi 30 septembre 2011

En profondeur : stay connected !




Voici une série de vidéos (merci Fabien!) qui montre la manière dont il est intéressant de laisser les épaules "connectées" (en crawl en opposition ou "shoulder driven" ou encore "kayak style"). De ce principe découlent quelques exercices que l'on retrouve dans pas mal de vidéos US, à savoir la boxe comme travail de renforcement musculaire hors bassin. Voici donc la série de vidéos tirées du site du Club Wolverine.



Shoulder Driven Drill- Head up Freestyle:




Shoulder Driven Freestyle with Style Sticks:

Cela peut paraître un peu ésotérique de nager de la sorte mais cela découle d'un principe simple: c'est l'utilisation du corps entier pour générer la puissance de l'appui sous-marin. Pour comprendre cette idée, on peut décomposer la visualisation du cycle de nage de la manière schématique suivante:

- tout d'abord, le nageur allonge son bras sous-marin devant lui et ancre sa main et son avant-bras dans l'eau (le fameux "catch");

- quand il veut ramener sa main et son bras sous-marin vers l'arrière, il a grossièrement deux options: soit utiliser les muscles de son épaule (et donc plier l'articulation de l'épaule pour cela), soit utiliser tout le côté opposé de son corps et pour cela ne pas réellement plier l'articulation de l'épaule. Pour que cette seconde option fonctionne, il faut que les épaules restent solidaires.

Exactement comme un boxeur qui va mettre un crochet à son adversaire en tournant son torse sur un axe vertical : l'épaule reste fixe et la puissance vient de la rotation du tronc. Ainsi, pour l'exemple de la natation, le simple fait après avoir ancré sa main et son avant-bras dans l'eau, d'avancer l'épaule opposée vers l'eau (grâce à un roulis des épaules solidaires) va naturellement faire que la main sous marine va appuyer sur l'eau. Si l'ensemble épaules-torse n'est plus solidaire, cela ne fonctionne pas d'où les exercices que l'on voit faire sur ces vidéos.

Cette idée est d'ailleurs aussi explicitée (mais sous une autre forme) par le fondateur de la méthode POSE qui s'est aussi intéressé à la natation: pour lui, c'est la main qui reste fixe et le reste du corps qui génère le mouvement et non l'inverse et la force vient du transfert de poids lié au roulis en plus de la force musculaire du nageur. 

Cette manière de réaliser le mouvement est aussi une approche intéressante pour soulager l'articulation de l'épaule. Bien souvent, les blessures de l'épaule viennent d'une sur-sollicitation des muscles de l'épaule. Le fait "d'immobiliser" ainsi l'épaule va soulager l'articulation.

Si vous vous concentrez sur la génération de la force du côté opposé du bras sous-marin, vous serez probablement étonnés de la puissance que vous ressentirez en retour sur le bras sous-marin.

Bonne nage !





vendredi 9 septembre 2011

Le crawl sur le bout des doigts




Gary Hall Sr. a récemment posté sur son site une vidéo au sujet de l'écartement des doigts en crawl. Sa conclusion est qu'un bon nageur se remarque (entre autres choses) à ce qu'il garde les doigts légèrement écartés sous l'eau. Selon lui, les bons nageurs ont cette faculté de bien sentir leurs appuis sur l'eau et le fait d'écarter très légèrement les doigts permet d'avoir une surface d'appui légèrement plus importante sur l'eau que nager les doigts serrés; en effet, si l'intervalle est optimum entre chaque doigt, il se crée alors une légère zone de turbulences qui constitue une surface d'appui supplémentaire pour le nageur.

Voici le lien vers la vidéo en question de Gary Hall Sr. (en anglais).

J'ai trouvé intéressant de vérifier les propos de Gary Hall Sr. en cherchant à observer dans les vidéos de certains des meilleurs nageurs la position de leurs doigts sous l'eau: leurs doigts sont-ils serrés ? écartés ?

Voici donc quelques exemples:

Grant Hackett


Ian Thorpe


Nystrand


Nageur entraîné par Gary Hall Sr.






Yannick Agnel



Nageur pro non identifié


Bill Kirby



Camille Muffat



En regardant ces clichés pris à différents moments du cycle de nage, on peut constater :

- tous les nageurs ont les doigts largement écartés durant la phase d'allongement de la main vers l'avant (pas de recherche d'appui à cet instant);
- au moment du catch (début de l'appui sur l'eau), la plupart des nageurs continuent d'avoir les doigts écartés mais ont tendance à les resserrer;
- durant la phase d'appui sur l'eau, le resserrement des doigts est variable: certains nageurs ont plusieurs doigts serrés mais pas tous; d'autres ont encore les doigts légèrement écartés ; la différence peut s'expliquer par les différences de sensations des nageurs et peut être aussi par la différence de prise d'angle de la main sur l'eau;
- à la fin de la phase d'appui, les nageurs ont de nouveau les doigts plus écartés ;
- quasiment aucun nageur n'a le pouce collé à la main à aucun moment durant la phase sous-marine de la main (sauf peut être Camille Muffat).

Ces exemples confirment donc au moins partiellement les propos de Gary Hall Sr. ; ils montrent aussi que quand on parle d'écartement des doigts durant la phase d'appui, cet écartement reste très faible.


Cela montre aussi que chaque nageur a une position spécifique des doigts et la modifie tout au long du mouvement sous-marin suivant ses sensations et ses appuis.

Bonne nage !







jeudi 14 juillet 2011

La position de la main sous-marine





Voici une série de clichés tirés d'une récente vidéo de Janet Evans à l'entraînement.

Elle illustre parfaitement comment on doit toujours chercher à garder la paume de la main dans un plan perpendiculaire au mouvement dès le début et jusqu'à la fin du mouvement sous l'eau.










Bonne nage !