Le nageur chinois, Sun Yang, a battu à Shanghai le record du monde du 1500m que détenait Grant Hackett depuis 10 ans (Fukuoka, juillet 2001). Ce nouveau record a fait sensation: 14' 34" 56 !
L'homme derrière ces deux nageurs est l'entraîneur australien Denis Cotterell, qui après avoir coaché Hackett s'occupe maintenant des nageurs chinois dont Sun Yang.
Ce n'est donc pas étonnant que Sun Yang ait adopté un style de nage très australien: un style très comparable à celui d'Hackett (voire carrément la copie conforme) ou même de Ian Thorpe.
Voici un extrait au ralenti de sa nage sur le 1500m de Shanghai:
On peut observer que Sun Yang nage vraiment comme Hackett :
Cela dit, il y a une différence entre ces deux nageurs et elle est de "poids": elle se résume à 16kgs, puisque c'est la différence de poids entre Grant Hackett et Sun Yang.
Le chinois (1m98, 81kgs) a un physique beaucoup plus longiligne que l'Australien (1m98, 96kgs). C'est peut être l'une des raisons principales pour laquelle le nageur chinois peut aligner les longueurs de 50m en seulement 14 ou 15 cycles de bras (!) alors qu'Hackett nage en 16 cycles de bras. La raison de cette différence ne vient pas du battement semble-t-il (3 temps pour le chinois et 4 temps pour l'australien). Elle vient sans doute de cette différence de morphologie. Yannick Agnel a d'ailleurs la même morphologie que Sun Yang, de vrais "Class America", longs, hauts et effilés sur l'eau.
Une telle différence d'amplitude entre le chinois et l'australien, conjugué à son temps sur le dernier 100m (54") et son jeune âge (19 ans), est certainement le présage d'une grande marge de progression sur ce record du 1500m par le chinois.
Il est loin le temps de Vladimir Salnikov (1m78), premier nageur sous les 15' au 1500m, où les nageurs de fond et de demi-fond avaient des physiques plus râblés que les sprinteurs.
Bonne nage !
Ce qui m'interroge le plus, c'est le style de Sun Yang - en FQS très prononcé.
RépondreSupprimerAvant, je me disais que ça marchait surtout quand on avait un gros battement style Thorpe, mais là, force est de constater que ça marche aussi avec un battement pas trop fort.
La question que je me pose en tant que triathlète: pourquoi le FQS est-il si efficace sur un nageur d'élite, mais aussi peu pratiqué par les triathlètes d'élite? Dois-je essayer d'imiter Sun Yang ou Jodie Swallow?
Une piste est sans doute à aller rechercher du côté de l'hydrodynamique. Les nageurs d'élite (moins d'1min au 100) sont sans doute assez proche des limites hydrodynamiques de la vitesse de nage - la limite à partir de laquelle le déplacement dans l'eau impose à un bateau de passer en mode planning - ce que les nageurs ne savent pas encore faire! (voir Froude etc).
A ces vitesses, on crée en nageant une vague dont la puissance augment avec le carré de la vitesse, un vrai mur hydrodynamique infranchissable.
Pour combattre ça, il faut être grand comme Sun Yang (ce qui diminue le nombre de Froude V / sqr(g*L) ), et on peut utiliser le FQS pour créer une sorte de bulbe d'étrave comme mentionné dans l'article, mais je pense aussi que le FQS augmente une sorte de simili-ligne de flottaison, puisque dans ce style de nage on a un bras tendu devant soi pendant 80% du temps.
L'inconvénient de ce style, qui diminue fortement la cadence de bras, c'est qu'il faut pousser l'eau plus fort (forte accélération à la poussée), puisqu'on a toujours MV=mv: pour pousser un nageur M à la vitesse V vers l'avant, il faut pousser vers l'arrière une masse d'eau m avec la vitesse moyenne v et on doit avoir MV = mv. C'est un peu comme en vélo avec puissance = force* cadence.
Ceci (et non le battement de jambe) pourrait expliquer pourquoi le style FQS est efficace et recommendable pour les nageurs d'élite, qui doivent ruser pour repousser les limites du mur hydrodynamique, mais pas pour les triathlètes ou les nageurs moins rapides, qui nagent à distance respectable de ce mur, et qui n'ont pas la force nécessaire pour pousser l'eau aussi vigoureusement que des nageurs d'élite qui se tapent 15 à 20 bornes par jour.
Food for thought...
J'ai vu que Lotte Friis sur 1500m avait également un battement des jambes très faible.
RépondreSupprimerCe qui m’impressionne c'est que sur une épreuve très ciblée, les concurrents ont des techniques parfois très différentes.
Sauf erreur je crois qu'il y a meprise sur MV=mv, M n'est pas le meme M du fait d'Archimède, je pense qu'il y a un decalage entre centre de gravité et centre d'application d'Archimede avec l'inclinaison du nageur.
RépondreSupprimerMV=mv s'applique dans un choc elastique avec conservation de l'energie.
Là il faudrait peut etre qqch comme ça sauf erreur : pression du bras*surface avantbras +pression jambe*surface pied=1/2µ*Vnageur²*Surface frontale nageur*Cxnageur.
Je n'ai pas bien compris la partie sur le mouvement de jambes en 3 ou 4 temps. Comment le compte-t-on ? Quelle jambe à quel moment ?
Merci 4nages si vous le pouvez de nous éclairer...
Pour mv=MV, la force d'Archimède n'a rien à voir. Il s'agit juste de l'application du principe de la conservation de la quantité de mouvement appliqué à l'ensemble nageur + piscine...
RépondreSupprimerLa quantité de mouvement de l'ensemble reste nulle, ce qui signifie que la quantité de mouvement du nageur doit être l'opposée de la quantité de mouvement du liquide déplacé.
Pour que le FQS soit efficace (voir à ce sujet le post suivant sur le temps mort), il faut que les appuis restent le plus continus possible afin d'éviter les temps morts.
RépondreSupprimerOr il est plus facile de garder un momentum à haute fréquence qu'à basse fréquence. Pour maintenir le momentum à basse fréquence (style FQS), le nageur a besoin d'avoir d'excellents appuis dès l'entrée de la main loin devant lui. En plus, cela demande un gros effort musculaire car le mouvement a plus d'amplitude et beaucoup de précision. Cela me semble être difficilement compatible avec une compétition en eaux libres (sauf à nager sur une eau miroir et être en tête de la course).
Le FQS du fait de la position allongée est le style de crawl le plus hydrodynamique (bulbe d'étrave, plus grande longueur sur l'eau...). Si le nageur peut avoir les bons appuis et avoir suffisamment de puissance, il aura un avantage sur le crawleur qui nage plus en opposition.
Cela confirme les observations faites en compétition en eaux libres où les nageurs ont des appuis courts (effort musculaire réduit) et à haute fréquence.
Pour illustrer l'idée de manière triviale, il est plus facile de faire des pompes avec un tout petit peu d'amplitude que des pompes avec une très grande amplitude.
PS pour la question sur le battement : on compte le nombre de mouvement de jambes entre chaque coups de bras. 2T = également un battement jambe gauche et un battement jambe droite pour un coup de bras.