On trouve des pépites sur le net. Voici une vidéo où un nageur amateur(*) s'est "incrusté" (au sens propre) dans la finale du record du monde du 1500m aux côtés du nouveau phénomène chinois: Sun Yang.
A première vue, hormis la vitesse, leurs styles sont relativement proches, voire même très proches. Les deux nageurs nagent en crawl FQS. Maintenant, en y regardant de plus près, on peut observer quelques différences décisives dans la technique de ces deux nageurs car comme dit le dicton: "Dieu (ou le diable) se cache dans les détails !":
1) le timing de l'inspiration:
Pour beaucoup de nageurs, l'un des moments critiques dans le cycle de crawl est la phase d'inspiration car elle est propice à une réelle perte de vitesse. En effet, le mouvement d'inspiration doit interférer le moins possible avec la puissance générée par la phase de poussée de la main arrière.
Au moment de l'inspiration, la plupart des nageurs ont tendance à sortir de leur alignement et à se freiner avec leur bras avant et du fait de l'augmentation de la surface frontale (constituée de la tête, du cou, de l'épaule, du bras et de la main et éventuellement de la traînée du tronc et des jambes du fait du désaxement).
Pour éviter cela, les tous meilleurs nageurs inspirent de manière extrêmement rapide et placent leur inspiration exactement entre la fin de la poussée de la main arrière et avant le début de l'abaissement du bras avant, en gardant la tête le plus à l'horizontal possible. C'est ce que réalise Sun Yang de très belle manière (Grant Hackett faisait exactement la même chose). On voit bien sur la vidéo que le bras avant de Sun Yang ne commence à s'appuyer sur l'eau qu'une fois l'inspiration réalisée et que sa tête reste très horizontale durant l'inspiration.
Le style FQS s'y prête très bien puisqu'il permet de rester quelques instants de plus avec le bras tendu devant soi.
Au contraire, le nageur amateur lui initie le mouvement de son bras avant alors qu'il n'a pas encore totalement fini sa phase d'inspiration. Sa tête n'est pas à l'horizontal. Il offre donc une plus grande résistance à l'eau à cet instant.
Tout nageur aura tout intérêt à inspirer le plus vite possible et à caler ce mouvement entre la fin de la poussée de la main arrière et le début du retour vers l'arrière de la main avant, en veillant à garder la tête le plus près possible de l'épaule. Prendre trop de temps pour inspirer va nécessairement ralentir le nageur.
N.B.: vous aurez peut être remarqué si vous avez regardé la vidéo du 1500m du record du monde de Sun Yang qu'il respire en 1 temps juste après sa coulée à chaque virage: une respiration d'un côté immédiatement enchaînée avec une respiration de l'autre côté pour prendre le maximum d'oxygène après la coulée. Ensuite il repasse à une respiration à 2 temps. C'est assez spécifique pour être souligné.
2) l'accélération tout au long du mouvement:
En dépit du fait que Sun Yang commence le trajet de sa main avant vers l'arrière un peu plus tard que le nageur amateur, on peut constater qu'en revanche, les deux nageurs sortent leur main arrière de l'eau quasiment au même instant ! Cela s'explique par le rattrapage de vitesse que Sun Yang effectue sur la seconde partie du mouvement. Cela signifie tout simplement que Sun Yang accélère plus son mouvement que le nageur amateur qui lui a une vitesse de bras plus constante. Il est connu et reconnu que l'accélération offre plus de puissance et plus d'appui au nageur.
3) le transfert de masse:
Voici certainement l'une des clés de la puissance du crawl.
Si l'on observe le mouvement de l'épaule avant de chaque nageur au moment du catch, on peut remarquer que Sun Yang enfonce plus l'épaule dans l'eau. Son roulis est plus puissant et génère un plus grand transfert de masse d'un côté vers l'autre. Il bascule le poids de son corps à gauche ce qui donne plus de puissance au catch de sa main droite. Et ainsi de suite.
On peut tenter de décrire cela par la séquence suivante: la main et l'avant-bras se mettent progressivement en appui sur l'eau pour initier le catch à la suite de quoi le nageur bascule le poids de son corps de l'autre côté en accélérant le mouvement : ce mouvement de transfert de masse va naturellement créer la force d'appui du bras sous-marin sur l'eau et s'accompagner de l'accélération du bras sous-marin.
Le nageur peut essayer ainsi plutôt que de se préoccuper d'appuyer avec son bras sous l'eau vers l'arrière, de simplement se concentrer sur le mouvement de son flanc opposé qui vient s'enfoncer dans l'eau avec puissance et accélération en accompagnant l'extension du mouvement du bras et de l'épaule vers l'avant.
4) autres points :
Je ne m'attarderai pas sur d'autres points évidents (meilleur gainage, meilleur battement, meilleur positionnement sur l'eau plus allongé et plus horizontal à tout instant du cycle de nage), ainsi que le maintien d'un coude plus haut.
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Voici quelques illustrations des explications qui précèdent:
Bonne nage!
(*) Ce nageur, qui a déjà réussi la traversée de la Manche (!), a les performances suivantes : 1500m: 20'24'' ; 3000m: 41'50'' ! Je le remercie de m'avoir permis de poster cette vidéo.
NB: cette analyse ne se veut évidemment pas exhaustive. Je l'a fait à titre avant tout pédagogique pour mettre en lumière certains détails propres à une excellente technique en crawl et ce post s'adresse évidemment aux nageurs qui maîtrisent déjà bien le crawl.
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