mercredi 8 février 2012

Les secrets de Jono



Beaucoup d'entre vous ont sans doute été impressionnés par la vidéo de Swimsmooth du crawl du nageur australien Jono van Hazel (médaillé olympique à Athènes).

Bien sûr, nager de la sorte demande des années de travail, un apprentissage très jeune et je n'aurai pas la prétention de dire que l'on peut espérer nager comme JVH facilement, voire même un seul jour dans sa vie !


Cela dit, je pense qu'il y a certains "trucs" utilisés par JVH dans sa nage et dont le nageur amateur confirmé peut chercher à s'inspirer: là encore, il ne s'agit pas de copier bêtement un style de nage mais plutôt chercher à comprendre ses caractéristiques pour essayer de les intégrer intelligemment dans sa nage. Ces conseils s'adressent évidemment plutôt aux déjà bons nageurs qui maîtrisent déjà très bien la technique de crawl.


Cet article ne se veut pas du tout exhaustif sur tous les aspects techniques du crawl de Jono Van Hazel mais cherche uniquement à souligner certains "trucs" qu'il utilise ainsi que bon nombre d'excellents nageurs à l'heure actuelle :

Les trucs:

Voici donc quelques-uns des trucs de JVH pour nager si bien et si vite:

- son très bon gainage : on peut remarquer comment son corps ne bouge absolument pas quelque soit sa fréquence de bras. Tout son corps est fixe et ses membres sont relâchés. L'assiette de son corps reste horizontale et il reste tendu exactement dans le sens du déplacement sans mouvement parasite, ni déplacements latéraux :


 - le placement de l'épaule: point maintes fois abordé et détaillé dans mon livre et sur ce blog; vous remarquerez comment il arme son épaule contre sa mâchoire et maintient cette position durant le "catch" et le "pull" (c'est à dire jusqu'à ce que le coude et la main passent la verticale de l'épaule). L'épaule joue donc un rôle de pivot et non pas de traction. En plus cela lui permet de n'ouvrir aucun espace entre sa tête et son épaule, ce qui augmente son hydrodynamisme et cela place le point de pivot au maximum devant lui (meilleure amplitude du mouvement). La série de clichés suivantes montre le placement de son épaule tout au long du mouvement sous-marin du bras. On notera l'épaule toujours très avancée et collée le plus possible au visage :










On retrouve cette position de l'épaule chez tous les bons crawleurs (la photo indique également l'angle du roulis) :


A titre de comparaison, on peut remarquer la différence dans le placement de l'épaule entre Jono Van Hazel et cet autre athlète:






- Le placement du coude: Jono Van Hazel utilise un "Early Vertical Forearm" (avant-bras vertical précoce (en français)) : il abaisse son avant-bras en gardant son biceps presque parallèle à la surface. Cela augmente la surface d'appui sur l'eau dans le sens opposé au déplacement du nageur et donc augmente sa puissance et lui permet un excellent "catch". Cela est également bon pour son hydrodynamisme comme déjà expliqué sur ce blog. Cela dit, Jono n'a pas non plus un EFV des plus extrêmes (comme on peut le voir chez d'autres nageurs: ex: Camille Muffat, Agnel, Hackett.....).





- l'engagement des muscles dorsaux: cette manière de garder l'épaule collée au visage va l'aider à tout de suite à se servir de ses muscles dorsaux pour tracter l'eau (pointés par la flèche rouge sur la photo ci-dessous). Là encore, j'ai abordé ce point dans le livre et le blog; l'utilisation de ses muscles est beaucoup plus intéressante en termes de rendement et de puissance que ceux de l'épaule. Cet engagement n'est possible également que grâce au roulis des épaules du nageur. C'est la conjonction du roulis et du maintien de l'épaule en position avancée qui permet cela.


- peu d'à-coups dans la vitesse: on dit souvent que pour avoir une nage efficace, il faut nager avec le moins d'à-coups possibles. Jono Van Hazel y excelle et possède une vitesse très constante (quelque soit sa vitesse d'ailleurs) en nageant sans à-coups.


Conclusion:


Il est probable que certains trouveront son style trop extrême par certains aspects. Pour d'autres, il sera tout simplement impossible à copier faute d'avoir les qualités physiques et la maîtrise suffisante; enfin pour d'autres, cela peut être intéressant de chercher à s'en inspirer pour se rapprocher de ce style très fluide et efficace et améliorer leur crawl. 


L'essentiel est de comprendre comment et pourquoi ces "trucs" (parmi d'autres bien sûr!) ne constituent rien d'autre que des solutions (convenants peut être pas à tous et à toutes) pour résoudre les difficultés propres au déplacement le plus rapide possible dans le milieu aquatique. 

Bonne nage!

2 commentaires:

  1. Merci pour cette instructive analyse. Finalement, je me dis qu'on a là un crawl très efficace, pour les raisons exposées... mais aussi vraiment magnifique dans sa fluidité. Un aspect quasiment "esthétique" de la natation?

    RépondreSupprimer
  2. heu une nage très fluide et efficace dans les bras.. soutenue par une très grosse propulsion de jambe quand même..
    (swimsmooth vs total immersion en quelques sorte ?)

    RépondreSupprimer