lundi 5 mars 2012

Perfectionnement: "Catch me if you can !"



Ah si l'eau pouvait parler, elle glisserait certainement avec malice et ironie aux oreilles des crawleurs la petite phrase : "Catch me if you can"(*) ! 

En effet, cette fichue eau est un élément instable qui pose bien des problèmes d'appui à beaucoup de nageurs. Comment bien la saisir ? Comment la dompter pour ne pas tout simplement passer au travers ? 

Voici trois conseils pour perfectionner son "catch" ("appui sur l'eau" en français):


1) augmenter la surface d'appui :

Le premier conseil est de bon sens. Pour avoir un meilleur appui, il faut augmenter sa surface d'appui perpendiculaire à l'eau. Pour cela, le nageur peut chercher à appuyer sur l'eau avec : sa main, son avant-bras mais également la partie supérieure de son bras, en pensant à positionner la face interne de son biceps perpendiculairement à l'eau. C'est autant de surface en plus.

2) connecter le roulis à la prise d'appui :

Le second conseil est appliqué par tout bon nageur (consciemment ou non) mais trop peu par les nageurs moins confirmés qui ont beaucoup de mal à saisir et à appliquer cet aspect si fondamental : la connexion entre l'appui sur l'eau du bras avant et le basculement de l'autre côté du corps de haut en bas (plus communément appelé le "roulis"). Pour avoir un bon catch, il est tout à fait nécessaire de faire la connexion entre le transfert de masse généré par le roulis et l'appui sur l'eau. Ces deux actions doivent être parfaitement coordonnées car leur coordination va permettre un gain d'énergie et d'efficacité très important dans le "catch". 

Pour mieux comprendre le phénomène, comparons deux situations:

- 1ère situation : vous n'utilisiez que vos muscles de l'épaule et un peu ceux du dos pour appuyer votre main sous-marine de l'avant vers l'arrière. 


- 2ème situation : imaginez que votre main sous-marine soit reliée par une corde au travers d'une poulie à un poids de 4kgs tombant d'une hauteur de cinquante centimètres. Grâce au positionnement de poulie et de la corde, l'énergie générée par la chute du poids vient s'appliquer à votre main dans le sens de votre appui sur l'eau, cette énergie venant donc s'ajouter à celles des muscles de votre épaule et votre bras. 

A votre avis, quelle situation vous donnera le plus de puissance ? La seconde évidemment.

Quand vous nagez en connectant votre catch au roulis, vous bénéficiez de cette extra-énergie constituée de ce poids car c'est votre bras aérien qui joue le rôle du poids (le poids d'un bras est d'environ 4 à 5kgs) et ce poids et cette énergie sont même bien supérieurs car le roulis ne se limite pas au seul poids du bras mais va au delà en utilisant une masse encore plus grande constituée de votre bras, épaule et flanc. C'est tout l'ensemble bras+épaules+tronc+bassin qui va venir servir de contrepoids à l'appui de votre bras sous-marin lors du catch si vous savez utiliser cette connection.

Le roulis n'est pas passivement la conséquence de l'appui mais au contraire l'un de ses moteurs. Pour cela, il faut le bon timing dans le "catch" et le roulis et une prise de conscience du rôle actif du roulis dans l'appui.

Les légendes sur la photo ci-dessous illustrent ces points:


3) entrée de la main dans l'eau un peu plus large:

En veillant à entrer la main dans l'eau dans l'alignement de l'épaule, voire même légèrement vers l'extérieur de la ligne de l'épaule, vous aurez sans doute plus de facilité à mieux appuyer sur l'eau ; ainsi, votre main sera mieux placée pour ne pas croiser la ligne médiane du corps sous l'eau ; votre coude et le biceps seront eux aussi en meilleure position pour bien appuyer sur l'eau.

Bonne nage!

PS: Grâce à tout cela, vous pourrez peut être enfin répondre : "Yes I Can !!"

(*) traduction : "Attrape-moi si tu peux!"

10 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'ai toujours eu du mal à comprendre ce système de transfert de masse par le roulis.

    Si j'interprète correctement le « c'est votre bras aérien qui joue le rôle du poids », ça veut dire que le poids du bras "lancé" vers l'avant s'ajoute à l'appui, c'est bien ça ?

    Mais alors c'est plus une question de transfert de masse de l'arrière vers l'avant (peut-être facilité par le roulis) qu'une question de roulis, non ?

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  2. Merci de me donner l'occasion de préciser ma pensée.
    J'ai volontairement limité mon explication au bras tout en mentionnant succinctement les autres parties du corps en jeu. En effet, ce n'est pas seulement le bras qui joue ce rôle de contrepoids mais aussi tout le mouvement du corps du nageur dans la partie opposée au bras sous-marin. Suivant la gestuelle du nageur, celui-ci peut plus vouloir tirer partie du mouvement du bras que du reste (et dans ce cas il peut chercher à lancer son bras vers l'avant comme vous le décrivez). Si le nageur est "connecté", cette force vers l'avant va générer une force vers l'arrière du bras sous-marin. Sans avoir à lancer son bras, le simple fait de faire basculer son poids du côté opposé au bras sous-marin (par le roulis) va aussi générer un surplus de puissance du bras sous-marin si la connection est bien faite. On ne réalise pas l'énergie qu'on porte en soit dès que le corps est en mouvement grâce aux masses et vitesses impliquées. Il faut en prendre conscience à chercher à utiliser cette énergie pour avancer plus vite. C'est le principe même de la connection et c'est à la fois un transfert de masse de l'arrière vers l'avant (bras) mais aussi du haut vers le bas (tronc).

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    1. Il y a aussi l'importance du grand droit qui doit jouer son rôle de vecteur et libérer l'épaule de la contrainte en poussée. Merci pour la position du biceps, je vais étudier ça. Ce pose toujours pour moi la question de la main et de sa position dans l'axe du poignet où pas. Je la désaxe vers l'extérieur légèrement, après entrée dans l'eau, pour la placer en position de retour le long de la cuisse. L'appui est différent et plus important quand je suis en éducatif " Poussé de rondins".

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    2. C'est assez courant de légèrement sortir la main de l'aplomb du poignet vers l'extérieur au moment du catch. Mais j'ai pu constater que cela pouvait parfois toutefois gêner pour casser le coude tôt après le catch (Early Vertical Forearm).

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    3. Merci pour cette réponse.

      J'ai essayé de faire attention à ça en nageant, et j'ai eu l'impression que sur certaines poussées, je poussais également avec le buste, pas seulement dos, épaule et bras.

      Est-ce que c'est le genre de sensations qu'on doit trouver ?

      Si c'est le cas, le roulis, c'est pas gratuit, ça demande un peu d'énergie
      quand même :o)

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  3. Merci, je fais regarder ça lors des prochaines séances. La lecture de votre ouvrage m'a éclairé sur quelques points, je serais lecteur si vous envisagez d'autres publications ;-)

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  4. @ T_T_T: le fait est que le roulis doit être un élément intégré au crawl pour de multiples raisons (allonge, hydrodynamisme, biomécanique...) donc autant le connecter au catch pour en tirer un avantage supplémentaire. Il s'agit bien d'utiliser la partie opposée au bras sous-marin (et non pas pousser avec le côté du bras sous-marin ce qui est évidemment évident). Le roulis n'est pas "gratuit" mais il ne demande pas non plus une ébauche d'énergie. Donc autant nager "connecté"! bonne nage!

    @ Babyshark: pas de nouvelles publications en vue si ce n'est sur ce blog et peut être aussi sur la course à pied mais c'est un tout autre sujet!

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  5. Bonjour, Après avoir consulté à de nombreuses reprises ce site afin d'améliorer mes performances en crawl, principalement sur des distances à partir de 400 mètres, je viens d'acheter votre livre que j'ai beaucoup apprécié. Je constate que j'ai peu de "freins" comme vous les appelez, mais que j'ai le principal : le manque de roulis. J'ai commencé la natation de compétition voilà déjà 45 ans. A l'époque on devait nager le plus à plat possible. Après une longue interruption, j'ai repris il y a 10 ans. Je pense pouvoir progresser. J'essaie donc de nager avec ce fameux roulis. Je ne me sens pas bien ainsi. J'ai la désagréable sensation de me tortiller. Et je ne parle pas du roulis du bassin...Pensez-vous qu'il soit efficace de modifier sa nage lorsqu'on a atteint un certain âge ?

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  6. Merci pour votre message. Je ne pense pas que le fait qu'on atteigne un certain âge empêche de changer sa technique. Je dirais même le contraire: avec l'âge, le nageur change sa technique pour s'adapter à ses changements de physique (perte de force, souplesse... par exemple). Maintenant si vous êtes à l'aise avec votre technique avec peu de roulis, pourquoi en changer ? L'objet du livre est d'aider les nageurs à nager avec plus d'aisance, de plaisir. Vous avez certainement un minimum de roulis du haut du corps. S'agissant du bassin, certains sont plus ou moins à l'aise à faire pivoter le bassin. On peut nager très bien avec le bassin relativement fixe. Si l'on possède une bonne maîtrise du crawl, on peut aussi "s'amuser" à alterner les styles de crawl décrits dans le livre. Cela élargit le champ des sensations en dehors de tout objectif purement chronométrique. Bonne nage !

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    1. Merci de votre réponse. Je cherche en effet tout moyen de compenser l'âge par une meilleure technique. De plus, j'ai récemment eu quelques alertes de tendinite à l'épaule. Le roulis en dos m'a énormément soulagée, mais en crawl...je dois forcer le mouvement et je perd toute la fluidité du geste, le plaisir de fendre l'eau. Puisque j'avais mal à l'épaule surtout en dos, mon roulis en crawl est peut-être suffisant, je ne me suis jamais vue nager (je le regrette). Par contre, j'ai compris que je nageais instinctivement en FQS. Et qu'en nageant en opposition, je pouvais augmenter ma fréquence et enfin nager plus vite sur 50 mètres, distance que j'avais abandonnée au profit du 1/2 fond. J'ai donc désormais 2 styles de nage que je peux utiliser au choix. Et aussi de nouveaux éducatifs qui permettent de varier les entraînements.

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