Une belle interview de Camille Lacourt décrivant ses sensations durant une course: la fin de l'interview fait bien sûr penser au "flow".
A la piscine
«Je prends un café avec le coach (Romain Barnier), pour vraiment rentrer dans la compétition. C'est une coutume qu'on a. Puis je fais l'échauffement à sec, pompes, abdos, histoire de faire un réveil articulaire. A environ une heure de l'épreuve, je plonge dans le bassin d'échauffement pour m'échauffer, avec quelques points techniques, quelques accélérations, quelques départs. J'en sors une demi-heure avant la course, et là je m'enferme dans une bulle. En enfilant la combi, on est assis sur une chaise, on entend le coeur taper de plus en plus fort. C'est le moment le plus magique, où on sait qu'on va se retrouver face à soi-même.»
La chambre d'appel
«Je visualise les points techniques. Je pense à la façon dont la course va être nagée, mais sans la voir. Un autre jeu commence. On est 8, il y a des regards qui se croisent. Le coeur bat fort. Avec Jérémy (Stravius), qui avait le 2e temps, on se dit que le meilleur gagne, et surtout qu'on ait une Marseillaise à l'arrivée. Puis chacun replonge dans sa bulle.»
La course
«Quand on arrive derrière les plots, on est seul face à la ligne d'eau. On veut gagner, mais aussi s'amuser. Tout se passe bien, la nage se met bien en place comme la veille. Ensuite, le virage se passe bien, je m'étais bien concentré dessus. Je fais une bonne coulée, une bonne reprise de nage. Je suis un peu devant les autres. Je commence à accélérer progressivement. La dernière partie de course est vraiment magique car je vois que je suis plus fort, que je peux continuer à accélérer en décrochant les autres. C'est du pur plaisir. Les autres, je les aperçois. Je vois passer des bras, des mains, plus je les vois mieux c'est car ils sont de plus en plus loin. C'est un moment où on se sent vraiment fort. Durant la course, je pense à la façon dont je nage. La technique a été travaillée pendant toute l'année, donc elle est en place. Dans le premier 50m, je pense à respirer, et dans le deuxième à accélérer, à rester bien gainé sur ma nage, à vraiment propulser, à essayer d'être le plus rapide possible, à créer le moins de résistances possible, pour pouvoir accélérer. Ca passe vite mais en même temps au ralenti. On a l'impression d'être à la fois acteur et spectateur de soi-même, tout se déroule sous nos yeux, alors que nous sommes les acteurs. C'est assez bizarre, et assez compliqué à expliquer.»
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